Mise en œuvre de la mission justice économique pour faire face à la vague de défaillances

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, et Alain Griset, ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises, ont confié à Georges Richelme, président de la conférence générale des juges consulaires de France, une mission sur la justice économique, afin de préparer, à court terme, les Tribunaux de commerce à la vague de défaillances attendue.

En complément des mesures d’adaptation temporaire prises par le Gouvernement pour adapter le droit des entreprises en difficultés à la crise sanitaire (Ordonnances des 27 mars et 20 mai 2020) et de l’action du gouvernement destinée à relancer l’activité économique du pays, le gouvernement souhaite que le service public de la justice soit totalement prêt à prendre en charge les entreprises exposées à un risque de défaillance en raison de la crise sanitaire (Communiqué de presse du 5 octobre 2020). La mission justice économique devra proposer des solutions efficaces pour mieux détecter, prévenir et accompagner les entreprises en difficultés. 

  • Le constat : 

Alors même que de nombreux dispositifs de prévention permettent d’intervenir au plus tôt afin de maintenir l’activité économique, les emplois et d’assurer l’apurement de ses dettes, c’est souvent trop tardivement que les chefs d’entreprise s’adressent aux tribunaux. Les procédures de prévention ne représentent en effet qu’environ 10% des procédures soumises aux juridictions consulaires alors même qu’elles aboutissent plus souvent à une poursuite d’activité. 

  • Les objectifs : mieux détecter, prévenir et accompagner

La mission justice économique vise à établir un état des lieux de l’ensemble des pratiques actuellement mises en œuvre, dans le cadre judiciaire ou hors de ce cadre, pour :

– Mieux détecter et prévenir les difficultés ;

– Mieux accueillir et accompagner les entrepreneurs individuels, exploitants agricoles et dirigeants d’entreprises. »

Georges Richelme délivrera ses premières recommandations au Garde des sceaux le 20 décembre 2020. 

Dès à présent, quelques pistes de réflexion ont été avancées concernant le renforcement des mécanismes de détection et de prévention, telles que la piste de l’extension du dispositif signaux faibles aux Tribunaux de commerce. Ce dispositif permet d’utiliser l’intelligence artificielle pour détecter au plus tôt les difficultés des entreprises et leur fournir une aide et un accompagnement le plus en amont possible, afin d’éviter la défaillance. A ce titre, la Direction générale des entreprises, la Banque de France, la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS) et la Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État (DINSIC) ont signé le 3 avril 2019 une convention de déploiement de Signaux Faibles à laquelle les Tribunaux de commerce ne sont pour l’heure pas partie. Cette convention permet à ces acteurs publics de partager confidentiellement les résultats obtenus au sein d’une plateforme collaborative sécurisée. 

Ce dispositif permet d’identifier le plus en amont possible les entreprises fragiles, afin de leur proposer les solutions d’accompagnement adaptées à leurs besoins.  L’intégration des juridictions consulaires, dont l’une de mission est justement de traiter ces difficultés, semble donc naturelle. 

Les recommandations de la mission sont attendues pour le 20 décembre. Cette mission devra fournir des propositions concrètes pour permettre une détection précoce des entreprises en difficultés.

Sommaire

Autres articles

some
La désignation du débiteur par l’ordonnance du juge-commissaire en qualité de partie devant saisir la juridiction compétente pour trancher le litige, n’est pas exclusive de la qualité pour agir des autres parties
Cass. com. 2 mars 2022, n°20-21.712 En présence d’une contestation sérieuse de la créance déclarée relevée par le Juge-commissaire, l’action introduite – non par le débiteur pourtant désigné par l’ordonnance – mais par le liquidateur judiciaire dans le délai d’un…
some
Jugement réputé non avenu en l’absence de reprise de l’instance en cours interrompue
Civ. III, 12 janvier 2022, pourvoi n° 20-23.599 Les jugements même passés en force de chose jugée, obtenus après l’interruption de l’instance et sans que l’instance ait été régulièrement reprise sont réputés non avenus. En l’espèce, le syndicat de copropriétaires…
some
L’associé d’une société civile est-il éligible aux dispositions relatives au surendettement des particuliers ou aux dispositions du Livre VI du code de commerce ?
Cass. 2e civ., 16 décembre. 2021, n°20-16.485 La seule qualité d’associé d’une société civile ne suffit pas à faire relever la personne concernée du régime des procédures collectives et à l’exclure du champ d’application des dispositions du code de la…
some
Résiliation du bail pour non-paiement des loyers postérieurs
Cass. civ. 3ème, 24 novembre 2021, n°20-20.973 La procédure devant le juge-commissaire qui consiste, sur le fondement de l’article L. 641-12 alinéa 3 du Code de commerce, à demander le constat de la résiliation de plein droit du bail d’un…
some
Date des faits à prendre en compte pour l’extension de la liquidation judiciaire après résolution du plan
La jonction des procédures de liquidation judiciaire ouvertes après la résolution d’un plan peut être prononcée à raison d'une confusion des patrimoines caractérisée par des faits postérieurs au jugement arrêtant le plan.
some
Dessaisissement du débiteur et virements en cours au jour du prononcé de la liquidation judiciaire
Les ordres de virement émis par le débiteur avant le jugement prononçant sa liquidation judiciaire et emportant ainsi son dessaisissement, sont opposables à la procédure collective peu important qu’ils aient été exécutés après cette date.