Désignation d’un mandataire ad hoc et responsabilité pour insuffisance d’actif

Photo de profil - MINET Paul | Avocat | Lettre du Restructuring

MINET Paul

Avocat

Cass. com., 18 mai 2016, pourvoi n°14-16.895

L’ouverture d’une procédure préventive ne privant pas le dirigeant de l’exercice de ses pouvoirs, ce dernier peut être condamné sur le fondement de l’article L. 651-2 du Code de commerce en raison de la poursuite d’une activité déficitaire au cours du mandat ad hoc…

Ce qu’il faut retenir : L’ouverture d’une procédure préventive ne privant pas le dirigeant de l’exercice de ses pouvoirs, ce dernier peut être condamné sur le fondement de l’article L. 651-2 du Code de commerce en raison de la poursuite d’une activité déficitaire au cours du mandat ad hoc, et sans que les juges du fond aient à déterminer le rôle du mandataire ad hoc dans la gestion de la société.

Pour approfondir : Alors que certaines Cours d’appel ont pu juger que l’absence de mise en place de mesures de prévention prévues par le Livre VI du Code de commerce était constitutif d’une faute de gestion susceptible d’engager la responsabilité du dirigeant pour insuffisance d’actif (CA Douai, 29 nov. 2012, n° 12/00803), la Haute juridiction rappelle que la nomination d’un mandataire ad hoc n’est en aucun cas une circonstance de nature à dégager le dirigeant de sa responsabilité pour insuffisance d’actif en cas de faute de gestion.

En l’espèce, le président du Tribunal de commerce d’Evry avait désigné un mandataire ad hoc aux fins d’assurer la restructuration et la pérennité d’un groupe de sociétés exploitant des magasins d’équipements de la personne.

Malgré la signature d’un protocole d’accord avec les partenaires bancaires des sociétés débitrices, le Tribunal a ouvert à l’encontre de la holding du groupe une procédure de liquidation judiciaire.

Constatant l’existence de fautes de gestion, et notamment la poursuite d’une activité déficitaire, le liquidateur a assigné le dirigeant social en responsabilité pour insuffisance d’actif sur le fondement de l’article L. 651-2 du Code de commerce, ce dernier alléguant que cette faute ne pouvait lui être imputable puisqu’ayant été commise sous le contrôle du mandataire ad hoc.

La Cour d’appel, puis la Cour de cassation, ont rejeté l’argument soulevé par le dirigeant, considérant que la nomination d’un mandataire ad hoc ne le prive pas de ses pouvoirs, ni ne le dispense de ses obligations. En poursuivant une activité déficitaire au cours de la procédure préventive, le dirigeant social avait commis une faute de gestion et devait ainsi supporter le montant de l’insuffisance d’actif de la liquidation judiciaire. 

A rapprocher : Cass. com. 8 juillet 2003, pourvoi n°00-15.919

Sommaire

Autres articles

some
La désignation du débiteur par l’ordonnance du juge-commissaire en qualité de partie devant saisir la juridiction compétente pour trancher le litige, n’est pas exclusive de la qualité pour agir des autres parties
Cass. com. 2 mars 2022, n°20-21.712 En présence d’une contestation sérieuse de la créance déclarée relevée par le Juge-commissaire, l’action introduite – non par le débiteur pourtant désigné par l’ordonnance – mais par le liquidateur judiciaire dans le délai d’un…
some
Jugement réputé non avenu en l’absence de reprise de l’instance en cours interrompue
Civ. III, 12 janvier 2022, pourvoi n° 20-23.599 Les jugements même passés en force de chose jugée, obtenus après l’interruption de l’instance et sans que l’instance ait été régulièrement reprise sont réputés non avenus. En l’espèce, le syndicat de copropriétaires…
some
L’associé d’une société civile est-il éligible aux dispositions relatives au surendettement des particuliers ou aux dispositions du Livre VI du code de commerce ?
Cass. 2e civ., 16 décembre. 2021, n°20-16.485 La seule qualité d’associé d’une société civile ne suffit pas à faire relever la personne concernée du régime des procédures collectives et à l’exclure du champ d’application des dispositions du code de la…
some
Résiliation du bail pour non-paiement des loyers postérieurs
Cass. civ. 3ème, 24 novembre 2021, n°20-20.973 La procédure devant le juge-commissaire qui consiste, sur le fondement de l’article L. 641-12 alinéa 3 du Code de commerce, à demander le constat de la résiliation de plein droit du bail d’un…
some
Date des faits à prendre en compte pour l’extension de la liquidation judiciaire après résolution du plan
La jonction des procédures de liquidation judiciaire ouvertes après la résolution d’un plan peut être prononcée à raison d'une confusion des patrimoines caractérisée par des faits postérieurs au jugement arrêtant le plan.
some
Dessaisissement du débiteur et virements en cours au jour du prononcé de la liquidation judiciaire
Les ordres de virement émis par le débiteur avant le jugement prononçant sa liquidation judiciaire et emportant ainsi son dessaisissement, sont opposables à la procédure collective peu important qu’ils aient été exécutés après cette date.